Le fonds souverain norvégien de 2 000 milliards de dollars s'est désengagé de Caterpillar Inc. (NYSE:CAT) en raison de préoccupations éthiques concernant l'utilisation de ses équipements à Gaza, une décision qui a suscité une forte opposition de la part de l'administration Trump des États-Unis et a souligné l'intersection croissante de l'investissement ESG et des réalités géopolitiques.

Le fonds norvégien se désengage de Caterpillar en raison de préoccupations éthiques

Le Fonds de pension du gouvernement norvégien mondial, le plus grand fonds souverain du monde, avec une valeur estimée à 2 000 milliards de dollars, a cédé ses participations dans Caterpillar Inc. (NYSE:CAT). La décision, annoncée par la banque centrale norvégienne, découle de préoccupations éthiques concernant l'utilisation des équipements de Caterpillar dans ce que l'organisme de surveillance éthique du fonds a décrit comme des "violations étendues et systématiques du droit international humanitaire" à Gaza et en Cisjordanie. Le conseil d'éthique du fonds a spécifiquement noté que les bulldozers fabriqués par Caterpillar étaient utilisés pour la "destruction illégale généralisée de propriétés palestiniennes" et que Caterpillar "n'avait mis en œuvre aucune mesure pour empêcher une telle utilisation". Avant le désinvestissement, le fonds détenait une participation significative dans Caterpillar, évaluée à environ 2,1 milliards de dollars au 30 juin.

Cette décision fait suite à une décision similaire du fonds norvégien de se désengager de cinq banques israéliennes, dont la valeur était estimée à environ 661 millions de dollars.

Opposition américaine et escalade des frictions géopolitiques

Le désinvestissement a provoqué une vive réprimande de la part de l'administration Trump des États-Unis, qui a qualifié ces allégations d'"illégitimes" et s'est engagée directement avec le gouvernement norvégien. Le Département d'État américain a condamné la décision, reflétant une tension plus large entre les mandats d'investissement éthique et les alliances géopolitiques. Le sénateur américain Lindsey Graham aurait suggéré des mesures de représailles potentielles, y compris des droits de douane supplémentaires et des restrictions de visa pour les dirigeants du fonds. Cela intervient dans un contexte où les États-Unis imposent déjà un droit de douane de 15 % sur les importations norvégiennes, soulignant le potentiel d'escalade des frictions économiques. En réponse, le Premier ministre norvégien Jonas Gahr Store a défendu le désinvestissement comme une action indépendante et non politique enracinée dans les directives éthiques établies du fonds.

Perspectives financières de Caterpillar au milieu des pressions tarifaires

Par ailleurs, Caterpillar a été confronté à des pressions croissantes sur les coûts dues aux droits de douane, indépendamment de la nouvelle du désinvestissement. La société a averti d'un impact financier significativement plus élevé des droits de douane pour le troisième trimestre 2025 et pour l'ensemble de l'année. Caterpillar prévoit désormais que l'impact net des droits de douane supplémentaires se situera entre 500 millions et 600 millions de dollars pour le troisième trimestre, et environ 1,5 milliard à 1,8 milliard de dollars pour l'ensemble de l'année 2025. Cette perspective révisée représente une augmentation par rapport aux estimations précédentes. Les principaux facteurs à l'origine de ces coûts accrus sont identifiés comme les droits de douane de la section 232 sur l'acier et l'aluminium, ainsi que de nouveaux droits de douane provenant de l'Inde, le groupe Construction Industries devant absorber environ 55 % de l'ensemble des impacts tarifaires.

Malgré ces pressions croissantes sur les coûts, Caterpillar maintient ses perspectives de ventes et de revenus pour 2025, anticipant des revenus légèrement supérieurs aux 64,81 milliards de dollars déclarés en 2024. Cependant, la marge de bénéfice d'exploitation ajustée de la société pour l'ensemble de l'année devrait désormais se situer près de l'extrémité inférieure de sa fourchette cible précédemment indiquée. Suite à l'annonce de l'augmentation des impacts tarifaires, les actions de Caterpillar ont connu une baisse d'environ 3 % à 4 %. Le ratio C/B de la société s'élève à 21,45X, légèrement supérieur à la moyenne de l'industrie de 20,31X, soulevant des questions sur sa valorisation à la lumière de ces incertitudes.

Implications plus larges sur le marché : ESG, géopolitique et examen des entreprises

Cet événement met en lumière une tendance significative et évolutive sur les marchés financiers mondiaux : l'influence croissante des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) et des considérations géopolitiques sur les stratégies d'investissement. La décision du Fonds de pension du gouvernement norvégien mondial crée un précédent notable, indiquant un "point tournant potentiel dans l'investissement institutionnel" et une "tendance plus large qui pourrait redéfinir l'évaluation des risques dans les actions mondiales". Cela suggère un changement institutionnel vers le traitement des chaînes d'approvisionnement liées aux conflits comme des risques ESG fondamentaux.

L'engagement direct entre les gouvernements américain et norvégien souligne la tension entre l'investissement éthique et la stabilité géopolitique. Les entreprises ayant des activités dans des régions politiquement sensibles ou celles perçues comme étant impliquées dans des violations des droits de l'homme peuvent faire face à des risques de désinvestissement accrus de la part d'investisseurs motivés par l'éthique, ce qui pourrait entraîner une volatilité accrue des cours boursiers et des coûts opérationnels. Cet incident reflète également un contrecoup croissant des entreprises lié au conflit en cours à Gaza, obligeant les entreprises à réévaluer leurs chaînes d'approvisionnement et leur éthique opérationnelle.

Perspectives

Le désinvestissement de Caterpillar par un fonds souverain aussi important est susceptible d'intensifier l'examen d'autres entreprises ayant des opérations internationales importantes ou celles perçues comme étant impliquées dans des activités éthiquement douteuses. Les investisseurs suivront de près les développements futurs du dialogue diplomatique entre les États-Unis et la Norvège, ainsi que les implications plus larges pour les normes d'investissement internationales. Caterpillar devrait fournir des mises à jour supplémentaires sur ses performances financières et les impacts tarifaires lors de son prochain rapport sur les résultats du troisième trimestre et de sa conférence téléphonique prévue le 29 octobre 2025. L'interaction entre les principes ESG, les réalités géopolitiques et la responsabilité des entreprises continuera d'être un facteur critique pour façonner les paysages d'investissement mondiaux.